Crédit bancaire : comment le Cameroun fait grimper les taux débiteurs en zone Cemac
Au deuxième trimestre 2023, le pays concentre à lui seul 62,85% des crédits de la sous-région dont l’encours, en variation trimestrielle, a légèrement reculé de 2,36 % à 2 462,1 milliards de Fcfa (3,75 milliards d’euros) par rapport au trimestre précédent.
Les banques qui opèrent dans la zone Cemac (Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique centrale) demeurent les principaux pourvoyeurs de crédit de la sous-région avec 99,11% de parts de marché, soit 2 384 milliards de Fcfa (plus de 3,6 milliards d’euros), contre seulement 0,89 % pour les établissements financiers avec 21,4 milliards de Fcfa (32,6 millions d’euros). Pourtant, selon un récent rapport de la Beac, les agents économiques de la zone ont dû faire face à une forte hausse du coût du crédit bancaire au terme du deuxième trimestre 2023.
En variation trimestrielle, les nouveaux crédits ont légèrement reculé de 2,36 % à 2 462,1 milliards de Fcfa (3,75 milliards d’euros) par rapport au premier trimestre.
Cette baisse de l’encours est due au fait que les taux débiteurs (taux d’intérêt appliqué au montant emprunté) pratiqués par les établissements de crédit implantés dans les Etats de la sous-région (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée Equatoriale, République centrafricaine et Tchad) ont progressé de 106 points par rapport au trimestre précédent, pour se situer à une moyenne de 9,50 % au cours du deuxième trimestre 2023.
Au Cameroun, l’encours des crédits en hausse de 42,89%
La Beac est catégorique : « la hausse trimestrielle des taux débiteurs est davantage influencée par l’évolution des coûts du crédit bancaire au Cameroun ». Le pays concentre 62,85% des crédits de la Cemac. En valeur, l’enveloppe globale des prêts accordés par les établissements de crédit a progressé au Cameroun de 42,89% entre les deuxièmes trimestres 2022 et 2023, soit 1 511,7 milliards de Fcfa (2,3 milliards d’euros) contre 1 058 milliards de Fcfa (1,6 milliard d’euros) un an plus tôt. Ainsi, entre le premier et le deuxième trimestre 2023, les taux débiteurs ont augmenté de 129 points de base dans le pays, s’élevant à 9,06% contre 7,68%. La première économie de la Cemac coiffe tous ses voisins de la sous-région. Illustrations ? En RCA, les taux ont progressé de seulement 3,01%, passant de 13,38 % à 16,39 %. Au Congo, ils ont progressé à 10,17%, contre 9,41% au premier trimestre. Idem au Gabon, où ces taux ont globalement progressé, s’élevant à 18,29% en moyenne contre 10,90%.
Une politique monétaire « restrictive »
A contrario, en Guinée Equatoriale, les taux débiteurs ont chuté, revenant à 13,17% contre 10,94% au premier trimestre 2023. De même qu’au Tchad où ils ont reculé de 61 points de base, se situant à 5,66% contre 6,27% au cours du trimestre précédent. De façon générale, la banque centrale explique cette tendance haussière des taux débiteurs par le durcissement de la politique monétaire intervenu au cours de la période. « L’orientation de la politique monétaire est, dans l’ensemble, demeurée restrictive », note le gouverneur Yvon Sana Bangui. En effet, dans le but de contenir les pressions inflationnistes, la Beac a appliqué un certain nombre de réformes dès la fin du premier trimestre 2023 comme relever son principal taux directeur à 5%, et réduire les injections de liquidité.